L’Évolution fascinante de la coiffure Afro à travers l’Histoire
Bonjour et bienvenue pour ce nouvel article spécialement dédié au Black History Month (le mois de la culture noire). Aujourd’hui, on va parler de coiffure et surtout de l’évolution de la coiffure Afro au cours du temps. Je mettrai des références bibliographiques si tu veux en savoir plus à ce sujet.
J’ai choisi ce sujet, car ce n’est pas le sujet qui est le plus abordé sur les réseaux. C’est donc ma manière de mettre en avant l’histoire de nos cheveux, comprendre pourquoi nous sommes arrivés au culte du cheveu lisse, d’où vient le maré tèt (ou attaché de foulard)… C’est parti !
La coiffure Afro durant l’Afrique impériale et ses grands empires
Pendant plusieurs décennies, les cheveux texturés ont été écartés par la société. Pour mieux comprendre l’origine de cette problématique, nous allons nous concentrer sur l’histoire.
Durant l’Afrique Impériale, soit environ de 639 à 1440 apr. J.-C., la coiffure Afro était un art notamment chez les femmes nubiennes et égyptiennes. La confection et l’usage des produits cosmétiques étaient très ancrés. Elles avaient plusieurs fonctions : médicinales, thérapeutiques et esthétiques. « Il fallait entretenir, conserver et soigner son corps dans le but de rejoindre la maison de l’éternité. »
Les coiffures étaient fréquemment ornées de diadèmes, de perles, fleurs ou autres. Il faut savoir aussi que les coiffures avaient des significations bien précises en fonction des régions, de l’âge, du rang social…
Pour se coiffer, les peignes étaient déjà utilisés. Ils étaient également des œuvres d’art sculptées dans des os ou dans du bois.
L’esclavage : 400 ans sans peigne
Toutes ces coutumes se sont perdues durant la traite négrière c’est-à-dire dans les années 1440. En effet, les femmes africaines ne disposaient plus des outils et des produits adaptés pour l’entretien de leur corps et de leurs cheveux.
Les esclaves de maison devaient coiffer les cheveux lisses des maîtres et de leurs enfants ainsi que les outils qui leur étaient destinés. « Au fil du temps, les esclaves récupèreront les peignes et les brosses usés de leurs maîtres.
À partir de ce moment, le peigne européen sera regardé par ces derniers comme l’outil qui détermine le bon ou le mauvais cheveu. » Les cheveux passent à travers le peigne = bon cheveu (good hair), les cheveux ne passent pas = mauvais cheveu (bad hair) et encore plus si des dents du peigne se cassent.
Des textures se sont développées pour avoir un bon cheveu notamment en lissant ses cheveux avec un fer ou une fourchette chaude. Une forme d’aliénation du cheveu afro naît.
En 1776, la loi Tignon oblige les femmes esclaves ou affranchies à cacher leurs cheveux avec du tissu. Pour contourner cette problématique et garder un lien avec leurs racines, le « maré tèt » se développe avec le madras, tissu venu d’Inde. La manière dont étaient noués les tissus avait leurs significations notamment pour ses messieurs. Il faut regarder le placement du nœud ou le nombre de pointes.
- 1 pointe : mon cœur est libre.
- 2 pointes : mon cœur est pris, mais vous pouvez tenter votre chance.
- 3 pointes : mon cœur est pris.
- 4 pointes : il y a de la place pour tout le monde.
L’Afrique contemporaine et sa diaspora
Une fois l’esclavage aboli, les Afro-Américains développent des produits de soins, notamment les produits défrisant. Les pionniers sont :
- Madam C. J. Walker, née Sarah Breedlov, avec la Wonderful Hair Grower, produit destiné au cuir chevelu commercialisé dans les années 1900,
- Garrett Augustus Morgan, breveteur du premier lisseur chimique en 1909. Les cheveux lisses deviennent un critère de beauté.
Dans les années 1960, un discours de Malcolm X « who taught you to hate yourself ? » (« qui vous a appris à vous haïr ? » dénonçant la perte de l’amour propre envers soi adressé à la communauté noire marque un tournant dans cette ère. Le cheveu afro devient alors le symbole de mouvement de protestation lors de la ségrégation. Par exemple, la coiffure afro est très populaire chez les membres des Black Panther Party, mouvement activiste pour les civiques des Noirs aux États-Unis.
Dans les années 2000 aux Etats-Unis, le mouvement « Nappy » naît. « Nappy » est la contraction « natural » et « happy ». Il incite les femmes aux cheveux crépus à revenir au naturel.
Le mouvement « Nappy » consiste à arrêter les produits et méthodes visant à modifier la texture, l’aspect visuel des cheveux et à entretenir la texture des cheveux. Ce mouvement a émergé en Europe vers les années 2010 par le biais des réseaux sociaux.
De nos jours, les personnes aux cheveux texturés ont du mal à trouver des produits sachant les embellir. En effet, dans les métiers de la coiffure, ces types de cheveux ne sont toujours pas enseignés en profondeur (l’entretien, les soins, les coupes, la mise en plis…). Ils sont étudiés uniquement dans le cadre du défrisage. Les professionnels incitent donc les personnes à dénaturer leurs cheveux (défrisage, brushing, lissage…) pour pouvoir les coiffer.
L’apprentissage de l’entretien des cheveux texturés se fait souvent par le biais des réseaux sociaux et pour certains par héritage culturel.
Dans le cas des produits capillaires, les formules contenaient beaucoup d’ingrédients issus de la pétrochimie surtout avant le mouvement « Nappy ». Dans les années 2010, des marques avec de meilleures compositions font leur apparition comme les secrets de Loly® ou encore Ol’afro®. Un réel essor des marques de produits capillaires pour cheveux texturés est en cours.
Cet article touche à sa fin. Si tu veux plus en savoir plus, n’hésite pas à consulter les références bibliographiques ci-dessous :
- Trop beaux mes cheveux afro de Jahlyssa Sekhmet
- Origine, signification et historique du maré tèt
- Maré tèt et son évolution
Je te laisse avec la série Black Owned Chroniques pour rester dans le thème. N’hésite pas à me rejoindre sur Instagram si ce n’est pas déjà fait. Quant à moi, je te dis à très vite pour un nouvel article !
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